mardi 28 mars 2017

Budget Québec 2017-2018 : Grandes lignes et grands oubliés en santé

Le Budget Québec 2017 présenté aujourd'hui annonce 632 millions de dollars de dépenses supplémentaires en santé. Il représente 36,7 milliards de dollars, soit une hausse de 4,2 % par rapport à l’an dernier et 51 % du budget total de dépenses. On prévoit une croissance de 3,8 % l'an prochain.

Le financement additionnel des établissements est de 328 millions

Une somme de 100 million est investie pour la réduction des délais d’attente dans les hôpitaux

69 millions seront investis pour le soutien à l’autonomie des personnes âgées

Les centres d’hébergement de soins de longue durée recevront 65 millions

49 millions iront aux services diagnostics et interventions chirurgicales

Alors que 29 millions iront au soutien aux personnes autistes

On retrouve peu de mesures concrètes visant l'amélioration la santé et la sécurité des personnes aînées. Rien n'est réglé concernant l'accès à un médecin, le soutien à domicile, la sécurité  dans les résidences d'aînés ou même les services de qualité dans un CHSLD. Rien n'est prévu concernant l'embauche supplémentaire de techniciennes en loisir, de techniciennes en éducation spécialisée, de physiothérapeutes et de nutritionnistes

Bien que de maigres sommes supplémentaires bonifiant la couverture de la ligne info-abus, aucun investissement concret n'a été prévu pour assurer la mise en œuvre du projet de loi 115 luttant contre la maltraitance envers les personnes aînées.

Rappelons en terminant qu'au cours des dernières années, le gouvernement libéral a procédé à plusieurs coupures dans le réseau de la santé et des services sociaux du Québec. Des services essentiels aux enfants, aux personnes âgées, aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale, notamment, ont été réduits au nom du déficit zéro. L'augmentation prévue de 4,2 % des dépenses en santé et services sociaux permettra-t-il  de compenser pour les ravages engendrés par l'austérité?

lundi 6 mars 2017

L'acharnement thérapeutique, l'aide médicale à mourir et la grande décision

Vous allez me dire que je mélange deux aspects en mettant l'acharnement thérapeutique et l'aide médicale à mourir dans le même panier. Pourtant, pour avoir accompagné mes parents jusqu'à la fin, à l'été 2016, je réalise que les deux domaines reposent sur la même base, soit celle de LA grande décision que l'on doit prendre. Au début de mes études en droit, j'avais fait un travail de recherche, dans le cadre d'un de mes cours, sur le suicide assisté. C'était bien avant que le projet de loi commence à se dessiner. Comme tout travail juridique l'exige, j'avais étudié les lois, la jurisprudence et la doctrine à ce sujet. J'arrivais à la conclusion que le choix reposait sur la personne et je voyais une ingérence de la part du législateur. Ca, c'était avant...alors que j'étais jeune, que mes parents étaient relativement en pleine santé.

Mon propos est plus nuancé maintenant. Ma mère est entrée à l'urgence cet été complètement malade. Histoire courte, une bactérie s'était logé dans son sang, les reins furent atteints. Il fallait se décider rapidement si la dialyse était envisagée. Elle ne voulait pas d'acharnement thérapeutique. L'état dans lequel elle est arrivée à l'urgence ne lui permettait pas de pouvoir s'exprimer, elle était vraiment malade. Un mois plus tard, mon père fut également hospitalisé pour une pneumonie par aspiration. Son état se dégradait mais il pouvait encore exprimer sa décision.

Pour ma mère, certains souhaitaient bien comprendre les enjeux, les options, les risques et les conséquences, d'autres étaient catégoriques, il fallait la laisser partir. Point. Suite au décès de ma mère, mon père n'était plus que l'ombre de lui-même, même avant son hospitalisation. Il souffrait de son absence. Lorsque son état s'est dégradé à l'hôpital, il a refusé l'option de gavage. Peut-être est-ce le fait que c'était le seul parent qui nous restait, certains souhaitaient que mon père revienne sur sa décision même si la suite n'était pas rose. Son état précaire et la présence potentielle de récidive du cancer ne lui permettaient pas de revenir chez lui, retrouver sa chère galerie.

L'été 2016 fut riche en enseignement., en observations, en réflexions et en questions. Jusqu'à quel point l'aide médicale à mourir n'est pas motivée/influencée par la crainte de devenir un fardeau pour les proches, par une économie des soins offerts? Jusqu'à quel point le consentement est-il libre et éclairé?

Je commence à peine à voir LA décision qu'on a du prendre pour ma mère comme étant la bonne. Ca m'a pris plusieurs mois, plusieurs lectures, plusieurs réflexions pour en arriver là. Je sais maintenant que mes opinions ne seront plus jamais aussi tranchées, tout n'est pas tout blanc ou tout noir.